- L’opposition au projet de réforme des retraites s’érode
- L’adhésion au mouvement de protestation et le soutien à la mobilisation s’essoufflent, notamment auprès des 65 ans et plus
- L’inflexibilité du gouvernement, même face à une menace de durcissement du mouvement, suscite de la lassitude et de la résignation
- Les principaux partis politiques ne semblent pas tirer parti du débat sur la réforme des retraites, contrairement aux organisations syndicales
La mobilisation contre le projet de réforme des retraites semble marquer le pas
Près de 4 semaines après le début de la mobilisation, le suivi du mouvement social contre le projet de réforme des retraites semble s’essouffler chez les Français. Le rejet de cette réforme qui n’avait cessé de progresser depuis septembre dernier connait un premier repli, bien que restant toujours majoritaire. Ce sont désormais 55% de Français qui considèrent qu’il ne faut pas mettre en œuvre cette réforme (-5 pts).
L’approbation du mouvement connait la même tendance. Alors que les organisations syndicales étaient parvenues à s’assurer d’un soutien grandissant depuis décembre, l’approbation chez les Français marque le pas. Les deux tiers (66%) approuvent toujours la mobilisation (-6 pts).
Les Français sont en conséquence également moins nombreux à souhaiter que la mobilisation se poursuive (62%, -5 pts), retrouvant les résultats de janvier dernier, au lendemain de la première journée de mobilisation. Mais de fortes disparités générationnelles se dessinent : les moins de 35 ans soutiennent de plus en plus le mouvement et souhaitent que la mobilisation se poursuive, alors qu’auprès des plus de 35 ans le soutien s’érode. Il est même à noter qu’auprès des 65 ans et plus le soutien à la mobilisation est désormais minoritaire (43%, -9 pts).
Enfin, le sentiment de colère qui avait pris le pas sur l’inquiétude lors de la précédente vague semble quelque peu s’atténuer (43%, -4pts), tandis que l’inquiétude reste prégnante (45%, stable).
Toutefois, la réforme continue d’être perçue de manière négative par les Français qui sont toujours une large majorité à la juger injuste (70%) et pas nécessaire (55%) – malgré un léger fléchissement. Qui plus est, alors que le gouvernement essaie de l’expliquer et de la défendre, de moins en moins de Français jugent cette réforme claire : 70% estiment que la réforme n’est pas claire, ils étaient 67% il y a deux semaines, 63% mi-janvier.
Une lassitude qui grandit également face à un gouvernement qui semble inflexible
Mais cet essoufflement peut également s’expliquer par la position du gouvernement qui ne semble pas donner de signes d’ouverture à des négociations ou des compromis. En effet, la majorité des Français considère que malgré la mobilisation, le gouvernement ne va pas faire de concessions (55%).
Toutefois, alors que les syndicats annoncent vouloir mettre « la France à l’arrêt » le 7 mars prochain, si l’exécutif ne renonce pas à cette réforme, la majorité des Français ne pense pas qu’un durcissement du mouvement (blocages de raffineries, grèves dans les transports le week-end et les jours de grands départs en vacances, blocage des routes…) conduirait le gouvernement à retirer le projet (54%).
Au final, 75% des Français estiment que la réforme des retraites et sa mesure principale, le recul de l’âge de départ en retraite à 64 ans, sera adoptée.
Les organisations syndicales tirent davantage parti du débat autour de la réforme des retraites que les principaux partis politiques
44% des Français déclarent avoir une bonne image des organisations syndicales, qui arrivent ainsi en tête des différents acteurs engagés autour de cette réforme. Le front uni des syndicats face à cette réforme semble donc leur être profitable.
Les principaux partis politiques ont en revanche un peu plus de mal à se positionner dans ce débat et à tirer leur épingle du jeu. Avec 35% de bonnes opinions, le RN est le parti qui jouit de la meilleure image auprès de Français, au-delà de son électorat. A l’inverse LFI ne bénéficie que de 27% de bonnes opinions auprès des Français, à peine plus que le gouvernement (26%).
Notons toutefois que tous les acteurs du débat ont une mauvaise image auprès des Français.